L’évolution du paysage politique et militaire au Moyen-Orient n’a cessé de se complexifier. Les récents mouvements militaires d’Israël en direction de Gaza n’ont fait qu’accentuer la possibilité d’une propagation du conflit, amenant d’autres forces à s’engager sur ce front déjà instable. Partout dans le monde, des millions de manifestants observent avec inquiétude l’intensification des tensions, craignant une participation accrue de multiples acteurs. Dans ce contexte tumultueux, Ali Khamenei semble y trouver un avantage stratégique, une diversion face aux pressions internes menaçant son pouvoir.
Une répression accrue pour étouffer toute velléité de soulèvement
Depuis le début de l’année 2023, le bilan est sombre : plus de 600 exécutions en Iran. Derrière ces chiffres se cachent des milliers d’âmes qui attendent leur sort funeste dans les couloirs de la mort, parmi lesquelles de nombreuses femmes, victimes d’une discrimination constante et sans appel. Rétrospectivement, l’année précédente avait déjà été marquée par une instabilité notoire. L’Iran avait alors été le théâtre de manifestations d’envergure dans pas moins de 280 villes. La réponse des forces de l’ordre avait été brutale, causant la mort d’au moins 750 manifestants, des milliers de blessés et aboutissant à l’arrestation de près de 30 000 citoyens. Plus récemment, la ville de Zahedan a été témoin de la violence des forces de sécurité qui n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur des civils, y compris des enfants, avant de disperser la foule par des gaz lacrymogènes, emprisonnant au passage des centaines d’individus.
L’émergence de la résistance
Au cours des années précédentes, le pays a vu la multiplication des mouvements de résistance.
Plus de cinq mille de ces unités ont proclamé leur existence, mettant en place plus de 3 000 opérations contre les actes répressifs du régime durant la seule dernière année.
Parallèlement, diverses factions de la société civile ont organisé un nombre impressionnant de grèves et de manifestations. Selon des sources internes, ces mouvements ont coûté au régime 5 000 Gardiens de la révolution (Pasdarans) blessés et près de 200 décédés. Ces chiffres sont des indicateurs de l’agitation grandissante, et pourraient présager d’un changement de régime imminent.
Face à cette menace, Ali Khamenei et ses fidèles Pasdarans ont cherché à détourner l’attention en alimentant les tensions au Moyen-Orient.
Les entraves majeures à la paix
Depuis près de trois décennies, la théocratie iranienne est considérée comme le principal obstacle à la paix au Moyen-Orient. L’ayatollah Khomeiny, architecte de ce régime, avait clairement exprimé dans son testament son souhait de renverser les gouvernements voisins pour établir un “État islamique”.
La majorité des conflits ayant secoué la région ces 40 dernières années trouve ses racines dans la politique expansionniste des mollahs.
Coincé entre ses traditions ancestrales et les pressions de la modernité, le régime iranien, en dépit de sa puissance, peine à répondre aux besoins fondamentaux de sa population. Cette incapacité a souvent été compensée par une répression interne et une politique étrangère agressive. Le régime a engagé une guerre contre l’Irak pendant huit ans, a activement participé au conflit syrien depuis 2011, est intervenu au Yémen depuis 2015, et n’a cessé d’influencer la situation politique en Irak et au Liban par l’intermédiaire de milices affiliées.
Face à ces agressions constantes, l’opposition iranienne a fréquemment mis en garde contre la dangerosité du régime, insistant sur le fait que ses ambitions régionales surpassent même ses velléités nucléaires. Tandis que le régime clame haut et fort son soutien à la cause palestinienne, ses actions sur le terrain démontrent une tout autre réalité.
Le guide suprême, Ali Khamenei, semble miser sur la passivité des puissances occidentales pour renforcer son emprise tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur.
Dans un de ses discours récents, il a osé justifier la répression sanglante des protestataires. Ses appels belliqueux, relayés par son ministre des Affaires étrangères, soulignent l’urgence d’une intervention internationale. Les assassinats de civils renforcent la position du régime, lui offrant un bouclier face aux contestations.
Afin d’oeuvrer en faveur d’une paix durable, il est impératif de prendre des mesures fermes contre les Pasdarans et de soutenir la jeunesse iranienne, véritable pilier de la résistance.
La solution au chaos régional nécessite une action déterminée, ciblant le cœur du problème à Téhéran.
Hamid Enayat
Expert de l’Iran
Ecrivain basé à Paris, spécialistes des questions iraniennes et régionales
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